Archives de catégorie : Non classé

24/10/2016L’éduc et le grand frère

Rigaud Laurent éducateur spécialisé, jette un regard ironique et un peu désabusé sur son métier…

– « En fait ton boulot c’est un peu comme “ le grand frère de la télé ” ».
– « Pas vraiment. Le grand frère règle les problèmes, il trouve des
solutions. Moi, je ne règle rien. La plupart du temps, malgré mon
intervention, les problèmes demeurent ».
Sur le coup elle est restée quelque peu estomaquée puis a éclaté de rire
devant cette plaisanterie qui ne manquait pas d’un certain cynisme et
venait témoigner d¹une certaine réalité. Ce jour-là, François Durand,
éducateur spécialisé de son état, se trouve avec sa belle-soeur dans la
cuisine de ses beaux parents pour le repas dominical. Le rire passé, elle rajoute
– « Oui mais alors à quoi vous servez ? »
Il aurait pu répondre – A quoi servent les gendarmes puisqu’il y a
toujours les voleurs ? A quoi servent les médecins puisqu’il y a
toujours les malades ? A quoi servent les politiques puisqu’il y a
toujours les chômeurs ? Mais il s’est contenté d’une réponse pleine de compassion
le présentant tel un héros des temps modernes. Continuer la lecture

16/09/2016La violence en guadeloupe : paroles de personnes incarcérées

Victor-Gilbert Faraux, éducateur spécialisé, a co-animé un groupe de parole d’auteurs de violences en prison en Guadeloupe. Il témoigne…

Au regard du climat du climat de violence qui rythme notre quotidien, au vu des questionnements qui habitent tout un chacun face à la difficulté des adultes à assurer leur autorité et à celle de nos décideurs à amener des réponses adaptées, fussent elles
« ultramarines »…, le travailleur social que je suis dresse un certain nombre de constats et se surprend à être inquiet.
Il se dit qu’une grande partie de la jeunesse continue  à crier sa colère et que, visiblement, celle-ci n’est pas entendue…
La société guadeloupéenne aurait-elle engendré une nouvelle forme d’indifférence ?
L’animation conjointe d’un groupe de parole d’auteurs de violences, dans un milieu particulier puisqu’il s’agit du milieu carcéral, est venue nourrir ces constats. Continuer la lecture

21/07/2016Le zèle réglementaire frise parfois l’absurde !

Certaines situations mériteraient une souplesse dans l’application de la réglementation, ce qui n’est pas toujours le cas, déplore Yanick Boulet, ex-directeur général et consultant.

Voilà maintenant des années que j’enseigne à mes étudiants de formations supérieures en travail social (CAFDES et CAFERUIS), la nécessité de s’interroger en permanence sur la pertinence et la cohérence de la décision base du bon sens de toute action en soulignant, avec un rien de malice, que, ce faisant, on leur accordera d’être intelligents. Je m’interroge cependant, parfois, sur l’utilité de cette insistance pourtant vertueuse, me semble-t-il, à la lumière de quelques contre-exemples propices à décourager de rechercher cette intelligence de décision. Il me plaît de vous instruire du plus récent.
L’établissement pour enfant (IME) d’une association avait créé, en 1980, un service d’accueil familial spécialisé censé pallier au manque de places en hébergement tout en proposant une modalité d’accueil alors innovante, souple et adaptée à la qualité des enfants accueillis.
L’évolution des profils d’enfants ainsi que celle de la demande des familles amena, après 34 ans d’un fonctionnement satisfaisant et répondant aux besoins, à constater une désaffection évidente pour ce mode d’accueil, les demandes d’admissions se raréfiant de manière bientôt irréversible.

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19/07/2016Le jury a été injuste envers moi

Flora, une candidate déçue après son échec aux épreuves du diplôme d’Etat d’assistant de service social. 

Je suis une candidate recalée du diplôme d’Etat d’assistant de service social dans le cadre de ma soutenance du dossier de compétence professionnelle (DC1) à Paris. J’ai souhaité écrire cet article en pensant aux autres candidats qui ont échoué tout comme moi. C’est aussi un exutoire.
Aux résultats du diplôme d’Etat, j’ai eu le sentiment d’être victime d’une injustice dans un huis clos devant un jury souverain : être jugée par ses pairs en une heure !
Lors de cette soutenance, j’ ai pu, pendant dix minutes, exposer une trame que j’avais préparée au sein de mon centre de formation, et pour laquelle j’avais eu la note de 14 au jury blanc. Face au jury du diplôme d’Etat, pendant plus de 45 minutes, j’ai échangé et répondu aux différentes questions portant sur l’ISAP (intervention sociale d’aide à la personne), l’ISIC (intervention sociale d’intérêt collectif) et l’auto-évaluation. Le jury avait une attitude attentive. Mes réponses aux questions étaient d’ailleurs ponctuées de sourires et, parfois, de hochements de tête approbatifs. Le jury m’a retenue quelques minutes supplémentaires pour évoquer mon expérience professionnelle dans le secteur médical et mon futur poste au sein du groupe hospitalier qui a financé ma formation. Par ailleurs, l’évocation de mon sujet de mémoire DC2 a suscité chez les membres du jury un vif intérêt. C’est donc dans un climat de confiance et avec plaisir que j’ai répondu à ces questions supplémentaires. Le jury a gardé mon dossier de pratique professionnelle car il y avait apporté des annotations. Nous nous sommes quittés en plaisantant.
Au résultat du diplôme d’Etat, j’ai subi « un ascenseur émotionnel » lorsque j’ai lu la note de 1 à l’oral, alors qu’elle était de 15 à l’écrit. C’est pourquoi je me retrouve aujourd’hui dans une situation extrêmement déstabilisante. L’ attitude bienveillante du jury, son intérêt évident à chacune de mes réponses, la richesse des échanges ne m’ont pas préparée à affronter une telle note, que je ressens comme une forme de violence. Sans compter, que je suis submergée par la culpabilité et la déception de ne pas avoir réussi.
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12/07/2016Vivre une autre temporalité, garant de la professionnalité

 

Didier Bertrand, éducateur spécialisé, directeur d’un service de placement familial réagit à l’installation du Haut conseil du travail social.

Depuis 2013, le ministère des Affaires sociales et de la Santé ne cesse de questionner l’exception française que représenteraient les 14 diplômes en travail social, à l’origine d’un projet de réingénierie des diplômes. Or voilà qu’apparaît à l’occasion de l’installation du Haut conseil du travail social un nouveau représentant des organisations professionnelles, l’association France médiation. Cette présence est-elle légitime alors que le médiateur social n’est pas reconnu comme travailleur social ? En offrant un siège à ce réseau d’employeurs, le gouvernement de Manuel Valls participe à une déqualification voire à une disqualification du travail social. Il suffit d’étudier des offres d’emploi de « médiateur social » pour avoir confirmation de l’absence de diplôme référencé (du CAP au DUT), du statut précaire (du CDD de deux mois au CDD de trois ans), de l’imprécision des missions, de l’absence de référentiel professionnel (existe un référentiel des activités de médiation social), d’une subordination au donneur d’ordre, etc. La présence de France médiation au sein du Haut conseil viendrait-elle récompenser un lobbying efficace, en particulier auprès de Brigitte Bourguignon qui avait jugé opportun de rencontrer cette association de 1.500 médiateurs sociaux ? Reconnaître ainsi France médiation est un curieux message à l’adresse des travailleurs sociaux, en particulier ceux qui exercent en prévention spécialisée. Depuis la mise en place des premiers

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02/06/2016Le renouveau des foyers-logement passe aussi par un meilleur accompagnement

La connaissance des personnes accueillies doit accompagner les nouvelles dispositions sur les foyers-logement, défend Georges Arbuz, docteur en anthropologie et fondateur de l’association « La vie devant nous »(hôpital Bretonneau, Paris).

Les mesures annoncées par la loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015 pour la rénovation des foyers-logements (1) sont appréciables et constituent une avancée par rapport à la situation actuelle. Une grande partie de ces derniers datent des années 1960-70. Isolés du centre ville, les foyers-logement disposent de peu de moyens pour faciliter les déplacements de leurs résidents, les aider à participer aux activités de la cité, continuer à mener une vie active. Ces mesures gagneraient cependant à être complétées par la connaissance des personnes accueillies, la prise en compte des motifs et des circonstances de leur déménagement. En effet l’existence des aînés est souvent marquée par une succession de changements, de ruptures et d’accidents de santé, qui ont une incidence sur leur décision de déménager. Il faut surtout retenir que les crises, les accidents de parcours, les situations gérées en urgence, l’accompagnement sur le long cours d’un proche souffrant d’une pathologie chronique sont une source de fragilisation psychique, de tendance à réagir aux évènements douloureux par des désinvestissements successifs, ont un impact sur la pulsion de vie des personnes. Même lorsqu’elles semblent avoir surmonté l’épreuve, celles-ci en gardent des séquelles (2). L’être humain ne dispose pas de ressources infinies pour réussir les transitions, assumer les ruptures auxquels il est confronté (3). Le risque est de voir apparaître, quelques mois, voire un ou deux ans après, une lassitude, un repli, un retrait de la capacité de se réinvestir, une régression pouvant conduire de la tristesse à la culpabilité vers la dépression. Les demandes d’aide formulées par les sujets âgés ou par leur entourage surviennent souvent dans ce contexte.

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14/04/2016Quelle forme de management face à une équipe expérimentée ?

La réflexion de Sadek Deghima, chef de service du service d’accueil de jour
« Le domaine des écureuils » (ADAPEI de Lens et environs)…

Diplômé CAFERUIS depuis 2013, j’ai pris mes premières fonctions en qualité de chef de service quelques mois plus tard au sein d’un service d’accueil de jour recevant des adultes en situation de handicap à partir de 20 ans. J’ai un parcours d’éducateur spécialisé en service de prévention spécialisée (éducateur de rue). J’ai toujours travaillé « hors les murs » directement dans la rue  et j’appréhendais de travailler dans une institution avec des « hauts murs » et « une grille » à l’entrée qui me « coupait » de la rue. C’était ma première expérience avec un public en situation de handicap. L’équipe est composée de professionnels de formations diverses (AMP, ME, ES), dont certains sont présents depuis l’ouverture de l’établissement en 1991. Durant les six premiers mois j’ai beaucoup observé et je me suis attelé à essayer d’élaborer un diagnostic complet (interne et externe) sur le service et son environnement. Le service est installé dans une grande maison de maître, qui a été aménagée dans le respect des normes ERP (établissement recevant du public) en vue d’améliorer la qualité de l’accueil du public (accessibilité…). J’ai été interpellé, lors de ma première visite, par un magnifique parc arboré de 5000 m2 à l’intérieur de l’établissement. J’ai rencontré de nombreux acteurs du territoire en vue de me présenter et j’ai été surpris de la méconnaissance du service par beaucoup d’acteurs. Je constate que, sur le territoire, il existe un tissu associatif dense et riche.

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06/04/2016Aider les personnes à… développer des stratégies !

Mettre en oeuvre des stratégies implique de s’appuyer sur des méthodes et outils concrets, défend Brigitte Portal, formatrice à l’ANDPA (Association nationale pour le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectifs).
Le terme de stratégie ne fait pas vraiment partie du vocabulaire des professionnels de la
relation d’aide sans doute du fait qu’il est fortement connoté. En effet, il nous renvoie aux
stratégies sur les champs de bataille ou dans la sphère politique mais aussi aux jeux de
stratégie qui relèvent de tactiques élaborées entre joueurs. Rivalités, alliances, adversaires,
concurrence, autant de mots qui situent la stratégie dans un rapport de force entre les
individus et qui font aussi référence à la notion d’influence voir à l’idée de manipulation en
totale contradiction avec les principes du travail social.

Un terme présent dans les référentiels et orientations du CSTS 

En effet, depuis 2004 dans les référentiels de compétence des professions du travail social en
particulier chez les assistants de service social, il est demandé de « savoir mettre en oeuvre des stratégies (environnement, ressources, contraintes…) » (1). En 2007, le Conseil supérieur du travail social (CSTS), dans l’un de ses rapports (2), insiste également sur « l’alliance nécessaire » entre le travailleur social et la personne accompagnée. Ce terme d’alliance est un concept développé par le philosophe Paul Ricoeur et aussi utilisé par ATD Quart Monde (les alliés sont les bénévoles qui accompagnent les personnes en situation de grande pauvreté). Pour le CSTS :
« C’est un processus créateur qui permet le partage et l’échange » (3).

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08/03/2016Mobilisation pour le droit au logement : où sont les travailleurs sociaux ?

L’indignation de Plume, assistante sociale.
Je suis allée à la mobilisation en faveur du droit au logement organisée ce 5 mars 2016 aux Invalides. J’y ai vu des militants associatifs, et des familles prioritaires au titre du droit au logement opposable (DALO). Mais où étaient donc les travailleurs sociaux ? Je n’ai pu que constater ce que je savais déjà. Aujourd’hui, les personnes engagées pour la défense des droits des usagers sont plus souvent des militants associatifs que des professionnels du social. Alors que nous devrions être complémentaires dans nos actions (marge de manœuvre plus importante pour les militants associatifs, connaissances et professionnalisme des travailleurs sociaux), force est de constater que nous ne parvenons pas (ou trop peu) à travailler ensemble. Je constate chez un (trop) grand nombre de professionnels une forme de résignation ou de désengagement vis-à-vis des atteintes aux droits des usagers. Le travail social est un monde professionnel qui semble vivre quelque peu « en autarcie », se contentant de s’adapter aux changements législatifs plutôt que de les interroger voire les combattre. Une forme d’inertie des professionnels qui les fait vite basculer vers l’exécution pure et simple des réglementations, sans se soucier particulièrement des enjeux qui en découlent. Travailleurs sociaux, réveillez-vous ! 

03/03/2016L’étude des besoins : nouvel aggiornamento de l’économie libérale ?

Gilles Arnault, directeur, dénonce une terminologie inadaptée et pernicieuse.
Le nouveau credo des politiques sociales voudrait faire de la notion de « besoins » le socle épistémologique d’un langage partagé entre bénéficiaires et financeurs de l’action sociale. Mais comme l’ironisait Coluche : « Dites-moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer ! ».
Que cette volonté de structuration schématique –analyse des besoins / réponses en prestations- s’organise autour de la réforme de la tarification, doit pourtant nous interroger, comme nous nous étions interrogés sur la tarification à l’activité mise en œuvre en 2007 dans les hôpitaux : la question est de savoir si l’on soigne un cancer, ou plutôt la personne qui en souffre ?
De la même manière, force est de constater que l’on ne parle de besoins, comme d’ailleurs de projets, que pour des personnes en difficulté, victimes à des degrés divers d’une déficience ou d’un handicap dont les conséquences sur leurs vies nécessitent des actions concertées et organisées pour leur permettre une vie décente, et si possible humaine au sein de notre société.

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