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06/11/2015Vague de solidarité avec les migrants et travail social

La vague, nouvelle et inespérée, de solidarité à l’égard des migrants fait bouger les lignes à différents endroits, dont celles des frontières entre la part du secteur associatif, professionnel et militant, déjà promoteur de cette solidarité, et le reste de la société, explique Olivier Daviet, psychologue au Relais Ozanam et vice-président de l’association Le Caméléon.

 

D’un côté, des citoyens qui n’ont pas forcément une histoire d’engagement politique ou social mais qui se trouvent de plus en plus régulièrement sidérés par les monceaux de cadavres repêchés en Méditerranée, concernés par le déferlement de personnes fuyant des situations invivables, inquiétés par l’instrumentalisation de la haine par les partis de droite et d’extrême-droite et chez qui la photo d’un enfant venu mourir sur les plages européennes a fait déclic. Une cartographie de ce groupe non-homogène de personnes nouvellement investies méritera sans doute d’être établie afin de mieux comprendre ce qui a créé la bascule. Sans doute pourrait-on qualifier leur démarche ainsi : à situation perçue comme exceptionnelle, comportement exceptionnel.

De l’autre un secteur associatif, incluant des bénévoles en lien direct avec des migrants précaires, d’autres bénévoles portant les structures associatives faisant (plus ou moins officiellement) fonction de service publique ainsi que des professionnels salariés de ces structures. Ce secteur a vu ces dernières années la situation des migrants précaires se détériorer à tous points de vue, en même temps que des discours accusateurs à l’encontre de ces populations prendre pignon sur rue. La nature – fondamentalement exposante – des pratiques, les contraintes budgétaires et juridiques de plus en plus drastiques ainsi que la détérioration des regards portés sur les publics accompagnés font bien souvent baigner ces acteurs dans un quotidien d’impuissance.

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La prostitution : occulter pour ne pas traiter

Marine Buet, consultante évaluatrice au cabinet ID & ES.

La prostitution est une thématique régulièrement abordée dans les médias, dans les diverses assemblées mais plus rarement dans les discours politiques. Dans ces derniers, son apparition est plus récente, corrélée à la création d’un ministère aux droits des femmes. Le plus étonnant avec ce ministère, c’est qu’il est le seul à avoir vocation à disparaître. En espérant que l’égalité femme-homme soit un jour une réalité économique, sociale et familiale, le ministère des droits des femmes n’aura plus de raison d’exister. Ce qui n’est pas le cas des ministères de l’intérieur, de l’agriculture, de l’outre-mer ou encore de la justice.

Le parti pris français

Aujourd’hui, en France, la prostitution n’est ni interdite, ni autorisée comme une activité à part entière. Johanne Vernier atteste même que l’Etat français ne donne pas de définition claire de la prostitution : « A ce jour, aucune loi française ne précise ce qu’il faut entendre par prostitution, alors même que la sanction de nombre de personnes en dépend » (1). Diverses options ont été avancées : interdiction du racolage, sanction de la clientèle… sans pour autant traiter de la prostitution à proprement parler.

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22/09/2015Le social a besoin de professionnels compétents !

Pour Alban Fournier de Tours, le social va mal...

Je travaille depuis près de vingt ans dans la sphère socio-éducative et je ne  peux qu’en regretter évolution. En effet, si un éducateur spécialisé devenait chef de service, puis directeur d’établissement, force est de constater que ce cheminement n’est plus.
 Nous voyons arriver des cadres et cadres intermédiaires sans expérience ni du terrain, ni des personnes reçues. Les décisions qui sont prises ne sont pas forcément en conformité avec l’intérêt des usagers que nous accompagnons. Faute de connaissance du monde du handicap.
Les salariés, quant à eux, ne sont plus que des variables d’ajustement en fonction des besoins et les cadres des gestionnaires en management sans réelle connaissance des métiers qu’ils sont censés encadrer. Continuer la lecture

09/09/2015Manager la pluridisciplinarité dans nos structures du médico-social

Qu’est-ce que la pluridisciplinarité et comment la mettre en oeuvre ? Marine Buet, consultante évaluatrice au cabinet ID & ES, ouvre des pistes. 

Récente dans le secteur médico-social, la pluridisciplinarité est un gage d’accompagnement de qualité. Le terme figure dans la majorité des documents institutionnels et répond aux attentes d’une prise en charge « globale » : on envisage  l’usager comme un « tout » dont les besoins sont multiples. Mais c’est aussi une réponse à plusieurs constats : le besoin de reconnaissance et de légitimation des prestations et services proposés, l’accumulation des problématiques (santé, situation familiale et professionnelle) et la montée de la précarité économique et sociale.
Face aux besoins multiples des usagers, les structures ont tendance aujourd’hui à étoffer les équipes pour offrir une prise en charge pluridisciplinaire. Néanmoins, leurs missions restent les mêmes, limitant ainsi la souplesse apportée. Ne faudrait-il pas réfléchir à des établissements « pluri-missions » ?
La pluridisciplinarité implique que chaque métier connaisse les champs d’intervention des autres pour dialoguer, échanger et repérer son rôle pour intervenir au moment opportun. Il faut donc concevoir le groupe professionnel comme une équipe. Or cette dernière « n’est pas un ensemble de personnes. C’est une organisation, avec sa propre dynamique, ses qualités et ses règles. » (1). Si chacun agit sur un pan de l’accompagnement, chaque prise en charge répond à des objectifs communs auxquels les professionnels adhèrent en intégrant l’institution. Cette dernière doit donc concevoir une stratégie de recrutement afin de constituer une équipe cohérente et capable de travailler ensemble. Continuer la lecture

25/06/2015Etre jury au DEASS à ses frais !

Une amère expérience pour Bruno Durin

Assistant social diplômé en 1991, chef de service depuis 2006 dans un service mandataire judiciaire à la protection des majeurs, je participe depuis 2007 au jury du diplôme d’Etat d’assistant de service social. Jusqu’en 2011, la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) réglait les frais de déplacements rapidement, puis la partie
« rémunération » dans un second temps.

Depuis la session 2012, c’est l’Agence des services et paiement (ASP) qui paie (ou plutôt qui payait). En effet, les frais de la session 2014 n’ont toujours pas été réglés fin juin 2015, alors que j’ai déjà participé à la session 2015 comme d’autres jurys. Pour moi, les frais avancés pour l’hôtel, l’autoroute, le carburant et les repas sont de l’ordre de 300€ pour une participation d’une journée au domaine de compétence (DC)4 et deux jours au DC1, plus la pose de trois jours de congés alors que ces journées sont loin d’être reposantes.

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02/06/2015L’autre côté du miroir de la psychiatrie

Florence Penny raconte de l’intérieur  les difficultés que vivent les usagers de psychiatrie

Infirmière depuis 17 ans et plus particulièrement en psychiatrie depuis 6 ans, cette spécialité me tient à cœur. Je travaille en lien avec une psychologue qui exerce également auprès des travailleurs sociaux et m’a fait part de leurs besoins de compléter leurs connaissances en psychiatrie.

Afin de les aider à mieux comprendre les difficultés des usagers, j’ai écrit quelques textes dont l’objet est de leur faire percevoir l’autre côté du miroir. La publication de ces écrits est une première étape pour faire partager cette démarche personnelle avant éventuellement la constitution de groupes de paroles ou une autre réponse en fonction des demandes des travailleurs sociaux.

RUPTURE DE L’EQUILIBRE

«  Je viens de fêter mon 19 ème anniversaire, une soirée mémorable, tous mes amis étaient là.
Quel bonheur de voir ma famille et mes amis réunis ! J’ai vraiment de la chance d’avoir autant de personnes fantastiques autour de moi. Adrien était là aussi, un an que nous sommes ensembles
et je suis toujours folle amoureuse de lui.
Nous avons décidé de partir en vacances tous ensemble après les examens, direction la Corse !

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18/12/2014Le social coûte cher ? Pas de panique, ce sera bientôt du passé !

Plume, une jeune diplômée assistante sociale très inquiète sur l’avenir de son métier 

« Refondation de la formation des travailleurs sociaux » ; « socle commun de compétences » ;
« uniformisation des diplômes »…  Des débats internes au milieu ? Peut-être, sauf que…, derrière ces grands discours, se cache un enjeu d’une autre ampleur : on brade la profession !

Finies les trois années de formation des assistants de service social et des éducateurs
spécialisés ! Deux années suffiront bien ! Moins de cours théoriques = pas le temps de se former à l’analyse des politiques publiques ni aux enjeux psychosociologiques de leur action. Idéal pour transformer les travailleurs sociaux en « bons petits soldats » chargés d’exécuter les politiques publiques !

Une troisième année, optionnelle, serait basée sur l’apprentissage de la « coordination de
projets ». D’ailleurs, on constate dans le secteur le développement d’offres d’emploi de
« gestionnaire de cas », les cas en question n’étant autres que… des usagers !

Mon nouveau métier ? « Gérer les masses précaires » ! Je croyais qu’il fallait être « gentille » pour être assistante sociale ?!

 

28/10/2014Accompagnés accompagnants, l’espoir partagé.

Les professionnels du service d’accompagnement à la vie sociale itinéraire bis de Mordelles (Ille-et-Vilaine) témoignent de leur pratique

Peut-être y a-t-il d’emblée, pour commencer, à relever un paradoxe : les services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) ont vu le jour dans le cadre du rapport Charzat  sur les besoins des personnes atteintes d’un handicap psychique (mars 2002) et du décret du 11 mars 2005. La volonté affichée du législateur était d’améliorer la vie des personnes en situation de handicap psychique et celle de leur proche. L’accent est mis par le décret sur « la participation citoyenne et l’insertion sociale ». Voilà l’orientation et le cadre législatif qui embrassent les SAVS.  Et puis il y a la réalité. Reste que l’appel à cette dernière nous semble toujours un aveu, mais de quoi ? « Un aveu d’impuissance » dit-on facilement, l’impuissance de qui ? Des personnes atteintes de troubles psychiques ? Des proches ? Des accompagnateurs ? De tous en même temps. On entend aussi « limite » de l’accompagnement, mais à nouveau limite de qui ? Tout cela me fait penser à cette injonction thérapeutique, paradoxale, reprise par le psychanalyste Harold Searles « Soyez décontracté ! », comme nous pourrions dire « Soyez citoyen ! »

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10/10/2014Ces certitudes qui rassurent

Vincent Pallard, 27 ans, moniteur-éducateur dans un village d’enfants.

Deux ans se sont écoulés depuis que j’ai reçu le titre de travailleur social. Deux ans durant lesquels j’ai participé à des projets d’élaboration collectifs dans des structures d’accueil et de soin, ce qui m’a apporté connaissances, rencontres, et assise dans ma posture de professionnel de l’action sociale. Deux ans pendant lesquels j’ai aussi dû commencer à marcher sur les frontières qui séparent les jolies convictions des grandes certitudes. Ces grandes, et à la fois si petites certitudes, aussi confortablement installées dans nos esprits que l’ont un jour naïvement été nos fesses dans les amphis protecteurs de nos instituts de formation. Ces belles certitudes qui rassurent, qui nous rassurent, dans ce que l’on est et ce que l’on projette sur l’autre. Ce genre de certitudes qui veut maîtriser, à tort et en vain, ce que le quotidien d’une relation a en soi de plus indomptable. Celles qui nous confortent dans l’idée que nous savons ce qui ne peut être su. Celles qui donnent du sens à l’incompréhensible, et qui sculptent le corps d’un métier en manque de relief. Celles, non moins salvatrices, qui désinfecteraient comme par magie les rouages encrassés d’une institution si facilement incriminable. Continuer la lecture

09/10/2014Eduquer c’est toute une histoire…

Marianne Cathelineau, psychosociologue, qui anime des séances d’analyse des pratiques professionnelles et d’histoire de vie auprès d’éducateurs, de professionnels de l’action sociale et d’enseignants…

« Je me souviens d’un moment douloureux en école primaire. Un groupe d’élèves m’avait humilié. J’en ai parlé à mes parents qui sont venus dès le lendemain à l’école pour rencontrer l’institutrice. Ils étaient toujours là dans les coups durs. J’étais un enfant en sécurité. C’est ce sentiment de sécurité qui me paraît le plus important à donner aux jeunes en tant qu’éducateur.» (1)
« Ma mère était souvent imprévisible dans ses réactions. J’étais la plus grande de la fratrie. Je rassurais souvent ma petite sœur. J’étais dans un rôle très « parental ». Ce n’était pas facile pour moi. J’aurais aimé être plus souvent insouciante. J’accorde beaucoup d’importance à ce qu’un enfant ait sa place d’enfant dans sa famille. »

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